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Co-Developpement : Interview de Catherine Elgui, psychologue du travail

Co-developpement : l’intelligence collective au service du groupe

 

3R : Bonjour, Présentez-vous ? Quel est votre parcours professionnel ? 

CE : Bonjour, je m’appelle Catherine Elgui j’ai une formation de psychologue du travail et j’exerce dans le domaine de la formation professionnelle depuis plus de vingt ans. J’ai été formée au coaching d’équipe au coaching individuel et au co-développement ainsi qu’en ressources humaines. J’accompagne les individus dans leur insertion et leur orientation professionnelle. Actuellement j’occupe un poste de responsable de projet national dans un organisme de formation et dirige une équipe de managers qui, donc, gère le recrutement des demandeurs de formation.

3R : Qu’est-ce que le co-développement ? 

CE : Le co-développement est une méthode qui a été développée il y a une quinzaine d’années au Canada par Adrien Payette et Claude Champagne. C’est une approche de développement pour des personnes qui pensent apprendre les uns des autres afin d’améliorer leur pratique, un outil qui permet donc le développement de l’intelligence collective au sein d’un groupe de pair qui partagent des problématiques professionnelles.

Un groupe de co-développement est un groupe de 6 à 8 individus qui vont se réunir sur plusieurs séances ou chaque membre se verra attribuer deux rôles : celui de consultant ou de client. À chaque séance, un client va exposer une situation professionnelle qu’il rencontre et va pouvoir bénéficier de l’éclairage des autres membres du groupe. Il y a autant de séances que de membres du groupe.

3R : C’est une sorte de rassemblement pour échanger des conseils, des éclaircissements ? 

CE : Le co-développement est une méthode approuvée. Elle structure la parole et les échanges en six étapes. Dans la première étape, on va choisir le sujet, chaque membre du groupe va exposer un sujet qui l’interroge. La deuxième étape consiste justement à choisir le sujet sur lequel on va s’entendre pour la séance. La personne qui va animer, le facilitateur pourra aider au choix du sujet. La troisième étape est l’exposition du sujet par le client qui va se poursuivre par les questions des membres du groupe, sans interprétation ni jugement afin de mieux comprendre la situation, la place de la personne dans cette situation et pourquoi elle s’y trouve.

La quatrième étape est celle de la contractualisation, ou le client formule une demande au groupe puis les consultants vont s’exprimer librement c’est la phase de consultation ou les consultants vont pouvoir échanger, apporter des témoignages, parler de leurs expériences et donner des références, le client lui va écouter et prendre des notes sans intervenir. La cinquième étape est celle de la synthèse. Puis vient la phase de la synthèse ou le client va synthétiser tout ce que les consultants lui ont apporté et dans la mesure du possible, concevoir un plan d’action puis partager avec le groupe ce qu’il a retenu. La dernière étape est celle de l’évaluation et de l’apprentissage, c’est-à-dire que le groupe va s’exprimer sur ce que la séance lui a apporté le climat qui a régné et ce qu’ils ont appris sur eux-mêmes C’est l’évolution de chacun et l’apprentissage du groupe.

« Le co – développement, c’est l’aide du semblable, par le semblable. »

 

3R : Comment en êtes-vous arrivé à accompagner des professionnels vers le co-développement ? 

CE : Le coaching individuel m’intéresse beaucoup mais j’ai toujours été plus à l’aise avec le travail de groupe. J’ai accompagné des managers pour les faire travailler sur le déploiement d’une offre de service. Mais je trouvais qu’il manquait quelque chose. Je suis persuadé de l’apport du groupe et par l’intelligence collective. Je me suis donc renseigné, rencontré plusieurs organismes de formation. Et j’ai choisis d’être formée par un organisme où les formateurs ont été eux-mêmes formés par Adrien Payette le concepteur de la méthode !

3R : En quoi cet accompagnement est positif pour les professionnels ? Quels bénéfices en tirent les entreprises qui l’appliquent ? 

CE : Le fait de s’exprimer sur une situation professionnelle et de la partager en groupe, être accompagner dans sa réflexion permet donc de retourner travailler et expérimenter. C’est positif pour les deux parties. Aujourd’hui, on sait que ça crée une vraie collaboration et une entraide au sein d’une entreprise. Donc au lieu de multiplier les formations, ils développent le co-développement. On ressort de ces séances extrêmement enrichis.

3R : Comment intégrer au mieux le co-développement au sein d’une entreprise ? 

CE : Le meilleur moyen est de déployer cette culture de la coopération. C’est-à-dire former des facilitateurs qui ont une posture bien particulière. Ce ne sont pas des formateurs, qui apportent de la théorie ou des techniques … ils facilitent la parole du groupe tout en faisant respecter les règles, en étant garant du cadre. Chaque personne porte et fait la promotion du co-développement dans son entreprise.

3R : À quoi ressemble une séance de co-développement ? 

CE : Tout d’abord, il faut constituer un groupe de pair : entre 6 et 8 personnes. Elle se déroule généralement sur une journée à chaque fois pour pouvoir faire deux séances de 3 heures chacune. On explique ce qu’est le co-développement, on pose les règles (confidentialité, Bienveillance et Parlé vrai). Et on expose la règle des trois P : un projet, une préoccupation ou un problème. Puis on présente très rapidement les six étapes et on commence !

3R : Par votre parcours et votre personnalité, qu’apportez-vous de plus à vos séances de co-développement ? 

CE : Je suis très à l’aise dans ce type d’animation, dans la posture du non sachant. À chaque séance, je suis très étonnée par la richesse des échanges et l’intelligence du groupe, qui se développe. Animer un groupe de co-développement c’est faire circuler et faciliter la parole des autres ! Bien que ce soit une posture bien plus délicate qu’on ne le pense. Mais le fait que l’essentiel de la formation vienne du groupe, mais pas d’un sachant me convient. Je suis convaincue qu’on peut tous apprendre quelque chose des autres. 

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