Le cheval comme miroir de l’homme. Voilà sur quoi se base le Horse Coaching. Cette méthodologie particulière permet de revenir aux fondamentaux du management à travers l’équitation. Rencontre avec Tarja Vartiainen, coach certifiée dans cette discipline et partenaire de 3R Consultants.
Comment vous est venue l’idée du Horse Coaching ?
Il s’agit d’un concept lancé en France il y a 20 ans par Guillaume Antoine et Gérard Dorcy. Ce sont eux qui m’ont formée. Ces derniers ont fait beaucoup de recherches sur les chevaux, la manière dont ils évoluent dans la nature, comment ils vivent en troupeau… Ils ont étudié les similitudes et les différences de comportements entre les 2 espèces qu’ils avaient à leur disposition – à savoir les hommes et les chevaux – et en ont tiré un certain nombre de conclusions.
Êtes vous la seule à proposer ce genre de service ?
Pas du tout ! Il y a même pas mal de personnes qui proposent ce service aujourd’hui sur le marché. Il s’agit pour la plupart de coachs sérieux, bien formés, et spécialisés dans l’entreprise. Parce que le cheval s’utilise aussi dans le cadre thérapeutique, notamment avec les personnes handicapées… Chacun d’entre nous a sa méthode, qui bien sûre dépend de notre expérience et de notre manière de travailler. Personnellement, je suis complètement dans les démarches avec les entreprises, dans le coaching des dirigeants et managers.
En quoi le cheval aide-t-il à s’améliorer dans des domaines tels que le team-building ou le management ?
Deux choses très importantes ressortent immédiatement avec cet animal : la connaissance de soi et l’intelligence collective. Parce que le cheval est comme un miroir qui reflète l’image qu’on donne : il va réagir selon notre attitude, sans filtre. Grâce à lui, on apprend à connaître notre style de communication, de leadership, de management, et notre impact sur l’autre. J’ai eu quelques personnes qui mettent beaucoup de pression sur leurs équipes, et le cheval renvoie tout de suite cette image. Avec le Horse Coaching, on comprend mieux notre caractère et notre effet sur les autres. De là découle une meilleure intelligence collective.
Quelle est votre méthode à vous, particulièrement ?
Le coaching se passe sur un terrain circulaire de 18/20 mètres de diamètre. La session comprend 1 à 4 personnes pour un cheval. Je demande toujours les quatre mêmes choses aux personnes coachées : mettre le cheval en mouvement, établir la bonne place, donner la direction, déterminer l’allure (pas, trot, galop). Il s’agit d’actions techniques très simples, mais dans lesquelles se trouvent toute la richesse de l’effet miroir, qui vient de la qualité. Car le plus important, c’est la manière dont le participant va réaliser ces consignes. Cela fait travailler l’écoute, l’assertivité, la façon de trouver le ton juste… Enfin, le cheval vit dans l’instant, ici et maintenant : il faut être 100% avec lui. Aujourd’hui, nous essayons continuellement de faire un million de choses à la fois, mais cela ne marche pas en équitation. Quand on exécute plusieurs tâches en même temps, on les fait à moitié. Le cheval nous impose de lâcher le « multitasking » pour faire chaque activité jusqu’au bout. Ce qui rend des résultats bien meilleurs. Tout l’objectif consiste à donner de la qualité à la relation pour travailler dans le respect mutuel, l’écoute et la confiance.
Quelle(s) réaction(s) peut avoir un cheval qui reçoit trop de pression ?
J’ai récemment travaillé avec une personne qui dirige une entreprise de cyber sécurité. C’était un homme charmant, mais très grand et avec une forte présence. Sur le terrain, sans qu’il ne fasse rien, le cheval n’arrêtait pas de galoper autour de lui. La seule pression exercée par sa présence rendait l’animal trop nerveux pour se laisser monter. Ce dirigeant n’avait jamais pris conscience qu’il avait une telle prestance, aussi intimidante. Avec le cheval, il a appris qu’il devait « ajuster » sa présence naturelle, être plus à l’aise et à l’écoute.
De quelle manière ?
Pour « alléger » sa prestance et détendre le cheval, nous avons travaillé sur de petites choses comme la respiration. Parce que quand on respire profondément, on parle plus doucement, on a plus le temps de réfléchir, de peser ses mots. Même nos gestes deviennent plus doux. Durant le coaching, cet homme a également appris à se mettre à la hauteur de son interlocuteur. Il a compris comment créer une atmosphère de calme plus reposante et naturelle, nécessaire pour mettre l’autre en confiance.
Clémence d’Halluin