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Interview Institut Curie: La coopétition au service de la lutte contre le cancer

L’institut Curie précurseur d’une coopération compétitive vertueuse avec l’Institut du Thorax.

Nous avons eu le plaisir de rencontrer Virginie Grand, responsable emploi, recrutement et formation à l’institut Curie. Nous avons échangé sur la coopétition, terme né de la contraction des mots : « coopération » et « compétition ». Il désigne une coopération compétitive voulue vertueuse.

Par la coopétition entre l’institut Curie et l’institut Montsouris, les patients atteints de cancers thoraciques bénéficient de la meilleure prise en charge désormais possible dans le domaine. En effet, cette alliance innovante a donné naissance il y a un an à L’institut du Thorax Curie-Montsouris. Celui-ci s’inscrit dans la continuité du travail et des valeurs de Marie Curie.

« Le modèle Curie, dès 1909 est simple : faire cohabiter chercheurs et médecins pour amener au plus vite de nouveaux traitements aux patients » Virginie Grand

3R : Quel héritage scientifique Marie Curie nous a t-elle légué ?

VG : Marie Curie était une scientifique, chercheuse hors pair et pionnière dans sa conception généreuse de n’avoir à œuvrer que pour le bien commun. Elle est également à l’origine du modèle d’organisation de l’hôpital versus centre de lutte contre le cancer ou CHU avec le médecin et biologiste Claudius Regaud. Ses valeurs qui animent encore chacun des professionnels de l’Institut Curie sont l’Humanisme, l’efficacité, l’innovation, le partage et l’ouverture. Sa petite-fille, Hélène Langevin-Joliot, elle-même physicienne et Directrice de Recherche émérite au CNRS est sans doute la plus à même de décrire la femme et l’œuvre : « L’œuvre scientifique de Marie Curie, deux fois prix Nobel, si importante qu’elle fût, ne peut être dissociée de son histoire. Marie Curie est aujourd’hui une figure universelle, symbole de la recherche désintéressée et de la place conquise par les femmes en science. Créatrice et directrice de l’Institut du Radium, aujourd’hui Institut Curie, elle en fit un des hauts lieux des recherches de l’entre-deux-guerres et le point d’ancrage des applications du radium, en particulier pour le traitement du cancer. « Je pense que la science a une grande beauté » disait-elle. »

3R : Actuellement il existe un partenariat entre L’Institut Curie et L’Institut Montsouris, quels sont les éléments gageant d’une coopétition en Santé réussie ?

VG : Le partenariat Curie-Montsouris est un excellent exemple de coopétition réussie. Pour qu’elle soit bien réussie, il faut trois éléments:

– Une interaction généreuse avec les autres ici la pluridisciplinarité : les professionnels sont dans le don, engagés dans une aventure humaine toute d’émulation d’une excellence médicale augmentée (Curie + Montsouris);

– Un modèle organisationnel boostant la solution et axé complémentarité, réciprocité et confiance : c’est le pari gagnant-gagnant;

L’Une éthique forte : l’impératif moral précède l’excellence, les équipes sont là pour faire progresser la science et pour accélérer l’accès aux meilleurs soins délivrés le plus tôt possible au patient.

3R : La coopétition une nouvelle forme de lutte contre le cancer ?

VG : La coopétition est une chance, une opportunité ouvrant la voie pour penser l’avenir autrement et jouer collectivement plus généreusement les coups d’après. C’est une stratégie gagnante en santé qui marche parce qu’on lutte mieux ensemble, Curie avec Montsouris contre le cancer du poumon. Ce partenariat est « gagnant-gagnant » en offrant aux patients une innovation constante et une prise en charge optimale mais aussi en développant et renforçant l’activité de chaque établissement. Ce qui oblige les médecins les uns par rapport aux autres dans l’aventure humaine de l’Institut du Thorax Curie-Montsouris, c’est la conscience d’un destin commun. Pas d’ego mais une capacité à se mettre en retrait pour accueillir la nouveauté, se mobiliser collectivement ensemble pour prendre encore un peu plus le cancer de vitesse et aller plus loin dans le combat. Les médecins au sein de l’Institut du Thorax Curie-Montsouris sont prêts à donner sans compter, en s’engageant dans l’aventure humaine au-delà de leur propre ego ou carrière pour préserver le système, à condition qu’ils créent de la valeur médicale, donc éthique, qui soit source d’innovation continue et prometteuse pour l’avenir.

3R : Que dirait Marie Curie à propos de ce nouveau type de fonctionnement ?

VG : Marie Curie disait que « La science appartient à tous ». Elle et son mari n’ont jamais souhaité breveter leur découverte du radium afin que chacun puisse en bénéficier. Le modèle Curie, dès 1909 est simple : faire cohabiter chercheurs et médecins pour amener au plus vite de nouveaux traitements aux patients. Claudius Regaud, alors à ses côtés déclare : « La fondation Curie ambitionne de réaliser […] plus étroitement que cela n’avait été fait auparavant la coopération – Je dirais volonté la fusion,- de la recherche scientifique avec la médecine pratique ». Confiez-vous les uns aux autres. Aidez-vous, offrez vos services. »

3R : Si je vous dis, fédérer vous me répondez…

VG : C’est embarquer les gens, je ne crois plus du tout à la pure hiérarchie ni non plus à l’autoritarisme, encore moins au fataliste « struggle for life ». Si on n’a pas un projet partagé on n’y arrive pas. Pour fédérer les hommes au-delà du leader-ship, sans doute est-il temps de promouvoir le Challenge-ship.

3R : Marie Curie a dit : « Vous ne pouvez pas espérer construire un monde meilleur sans améliorer les individus. » Les valeurs de Marie Curie ont traversé les siècles…

VG : Oui, et je suis convaincue que les valeurs qu’elle nous a transmises traverseront encore de nombreux siècles. Le triptyque Soigner, Enseigner, Chercher a tellement de sens ! C’est l’empreinte de Marie Curie.

Hélène Baroukh

 

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